dimanche 8 janvier 2017

Pèlerin or not pèlerin.




Aujourd'hui dans ma vie, l'état-civil me définit  "retraité".

Pas très glorieux. Pas très stimulant.



Le Chemin est simple... Ce qui complique tout : c'est ce que je pense, ce que je crois, ce que je veux. 
 
Le mot lui même m'est  évocateur de décrépitude et déchéance. Comme un petit air de  Bérézina sur fond de débâcle existentielle.
Toutes mes gesticulations et toutes mes distractions ne changent rien et ne changeront rien au fait que le temps passe, que les choses qui passent sont passées pour toujours, et qu'à force de passer le temps finit bien par arriver à  ses fins.
Disons plutôt à sa fin. 

Je voudrais proposer  de remplacer sur mes documents d'identité le terme "retraité" par le mot   "pèlerin".
Pèlerin vient de per-égrinus  "celui qui marche à travers champs". Cela me plait bien.

Pèlerin, celui qui marche, est en chemin; donc il est tout sauf arrivé.
Il marche à travers champs, en dehors des traces et des routes obligées. 
Loin de toute envolée lyrique ses pas collent à la terre. Cette terre qui lui rappelle d'où il vient et où il va bien finir par retourner.

Il n'est même pas certain d'arriver.

Et arriver 0ù? Arriver quand?
Il pose un pied devant l'autre tout bêtement: pas de grande philosophie, pas de grande technologie. 
Juste un pied devant l'autre.
Et un seul pas à la fois.

Un pèlerin est un SDF -sans domicile fixe- un peu paumé, un  peu largué, un  peu migrant et complètement expatrié.
L'incertitude est sa seule certitude.
L'horizon fuyant son seul repère.
La marche son seul point fixe.

Le pèlerin n'est pas très fréquentable: au fond c'est un inconnu, venu d'on ne sait où. Et vous voyez bien  il est peu crado, mal rasé, mal fagoté, ou même carrément mouillé. Et pire encore, parfois il ne sent pas très bon.

Le bagage du pèlerin à pied est maigre: pas de voiture  rutilante ou de monture hennissante. Juste un vague sac avec quelques bricoles déclarées indispensables. 

Et dans la tête de moins en moins d'encombrements, peu de grandioses pensées, peu de grandiloquentes paroles. 
Juste les yeux ouverts sur le monde et ses mystères, juste le cœur ouvert sur l'amour du monde et ses mystères.   

Oui  "pèlerin" me plait bien. 

Me ravit cette citation : "Un pèlerin qui marche va plus loin qu'un philosophe assis."


Aller ou ne pas aller... c'est la question.